vendredi 23 octobre 2009

Lettre d’intention

La petite fille a un rôle futur : elle devra mettre au monde des enfants, devenir mère. Dès avant sa propre naissance, dans ses ovaires, tous les ovocytes de ses futures ovulations sont là, toutes les périodes fertiles prédestinées. La société est en attente d'elle et projette fortement sur son enfance les exigences de ce rôle unique.

Biologiquement c'est encore comme ça. Mais il y a une vie à vivre. Et pour cette vie, cette existence dont on n'a qu'une par tête d'habitant sur terre, chacune la sienne, les petites filles (je veux dire les femmes) sont moins bien préparées que les garçons. Naguère le stéréotype voulait que les petits garçons jouent aux petits soldats et les petites filles aux poupées – pour remplacer par des bébés et encore des bébés et des bébés et des générations et des générations les hommes tombés sur les champs de bataille. Aussi bien !

N'empêche. Il faut se sortir de ces anachronismes. Pour que les petites filles puissent dire qui elles sont. Que leur identité (qui suppose identification – donc des modèles) soit établie dans toute sa richesse. Qu'elles ne soient pas éternellement destinées à l'autre, aux autres, à l'autre d'elles-mêmes.

Telle serait, écrite après coup et pour résumer, la « lettre d'intention » qui explique le pourquoi de mon livre.


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